
Invitée coup de coeur de Lisette Lombé dans l’émission Du sucre dans votre été animé par Delphine Freyssinet sur RCF radio.
Écouter l’émission.
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Interview menée par Jean-Jacques Deleeuw pour Podcast+, le 17 juin 2021
“Je te vois de loin. À moitié couchée sur un lit. À moitié cachée par un rideau. Tu es calme. Petit animal apeuré. La tristesse me submerge. Je te parle. Je te considère une fois. Nos regards se fuient. Tu as uriné dans ton pantalon. Ta chute t’a remis les idées en place, je pense, mais ton corps, lui, ne se remet pas. J’examine tes points de suture. Ils ont l’air d’avoir bien fait ça. Tu en as sept sur le bras. Tu murmures que tu as mal. Tu t’excuses. Je ne dis rien, je jouis de ma puissance. Supériorité éphémère. Comme une salope.”
Des phrases courtes, de la colère, de la souffrance et, surtout, beaucoup d’amour. Dans son premier roman autobiographique et cathartique Ça va n’aller publié l’an passé, l’autrice bruxelloise Pieterke Mol racontait l’alcoolisme de ses parents et de son beau-père. Un récit poignant et plongeant le lecteur dans les méandres de la dépendance et notamment les siennes. “Je voulais écrire ce livre pour que les gens touchés par les addictions se sentent moins seuls, rappelle-t-elle, dès l’introduction du premier épisode de Gueules de bois , diffusé ce lundi à 19 h sur Radio Panik (https://www.radiopanik.org/). J’ai créé ce podcast car le sujet me passionne et parce qu’on n’entend pas assez d’informations, de témoignages sur les addictions. Quand je galérais moi-même avec l’alcool, la coke, j’aurais aimé entendre d’autres personnes en parler. Ce podcast est fait pour les personnes touchées de près et de loin par les addictions. Pour celles et ceux que le sujet intéresse, pour démystifier, pour déculpabiliser, pour partager.”
Le témoignage d’un ami
La Belgo-Néerlandaise poursuit, donc, son combat en rencontrant quatre personnes dans quatre épisodes d’une heure. Dans le premier, elle interroge son ancien compagnon, avec qui elle est toujours amie : Lawrens, 50 ans, sans emploi, maître de la procrastination, vivant sans frigo et qui se dit “alcoolique”.
L’occasion, pour lui, de parler de l’absence de ses parents lorsqu’il était enfant, de sa timidité adolescente, de la manière dont l’alcool a pu lui permettre de “mettre des couches sur ses angoisses “, des bières tièdes descendues en solo, des situations les plus foireuses, ou encore du regard de sa fille. Nina, 21 ans, se confiera au micro de Pieterke Mol dans le quatrième opus.
Raconter ses propres tourments
Cette heure d’interview ressemble d’avantage à une discussion intime qu’à une interview classique. L’auteure en “profite” aussi pour parler de ses propres tourments. De ses anciennes obsessions pour l’alcool, des sorties “prétextes” pour fuir la solitude et boire en groupe, de son côté “no limite” en soirée, mais, aussi, de son abstinence depuis six ans.
Dans le deuxième épisode, diffusé le 17 mai prochain, Pieterke Mol reçoit Maurizio Frisina, psychologue et responsable de l’équipe paramédicale à l’Unité 1 de la Clinique La Ramée à Bruxelles. L’auteur de l’ouvrage Sur le bord du chaos : complexité, thérapie systémique et addictions (L’Harmattan) explique comment une dépendance peut s’installer, les clés pour s’en sortir, l’importance d’être bienveillant envers soi-même et de consulter rapidement. Nécessaire et passionnant.
Article par Jacques Besnard disponible dans La Libre du 19 avril 2021.
Article numérique disponible ici.
Trois livres édités en Belgique parmi les cinq œuvres nominées au Prix Rossel de littérature. Cette première confirme que nos éditeurs ont du nez quand il s’agit de humer les talents.
Mardi soir, la rue Royale dormait, éteinte par une pandémie tenace. Personne n’avait imaginé ce scénario noir pour l’édition 2020 du Prix Rossel. Par mesure de précaution sanitaire, le jury ne pouvait pas se réunir : une première depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais là où le regard ne portait pas, aux domiciles des jurés confinés, Zoom a permis aux grands esprits de se rencontrer par écrans interposés.
« On ne va pas pouvoir casser la gueule à nos contradicteurs », ricanait Jean-Luc Outers, toujours prompt à en découdre dans la joie et la jubilation. « Je me sens comme un homme invisible, j’ai l’impression d’être aveugle », s’inquiétait Michel Lambert, aux yeux de qui l’invraisemblable touchait soudain au vraisemblable. Il montrera au fil des quatre heures de débats qu’il n’avait rien perdu de son esprit critique en route. Client farouche des nouvelles technologies, le président, Pierre Mertens, s’est finalement réjoui de « la fraternité » de ces retrouvailles virtuelles.
Pour Hedwige Jeanmart et Caroline De Mulder, les deux nouvelles recrues du jury, le baptême du feu s’annonçait déroutant. « J’aime énormément partager autour d’une table et j’avais prévu d’apporter du saucisson catalan », confessera Hedwige Jeanmart, depuis son appartement de Barcelone. « Mais la soirée a été super motivante et très enthousiasmante. » « J’ai hésité à accepter de participer », précisera Caroline De Mulder. « J’aurais tellement aimé discuter autour d’une table moi aussi. C’est très frustrant pour une première. Je n’ai cependant aucun regret. J’ai fait d’agréable découvertes. Il y a énormément de livres qui forcent l’envie d’être lus jusqu’au bout dans cette sélection du Rossel 2020. »
A défaut de pouvoir partager le couvert et le verre, le jury s’est entendu pour souligner la qualité « époustouflante » de ce cru 2020. Au terme d’un premier tour de table marqué au fer des joutes musclées sur la justesse de la pensée, la maîtrise du style, la capacité à surprendre, 21 titres ont émergé. Un second round a permis de resserrer les choix autour de 11 romans magnifiques de talent. Il en faudra un troisième pour cerner les éblouissements.
En dépit de leur profondeur et de leur écriture singulière, Consoler Schubert de Sandrine Willems, La carte des regrets de Nathalie Skowronek, On ne coupe pas des ailes aux anges de Claude Donnay, Venus Poetica de Lisette Lombé, Le pub d’Enfield Road de Rossano Rossi et Ça va n’aller de Mol Pieterke ne feront pas partie du quinté des nominés à découvrir ci-contre. Par ailleurs, le jury a souligné sa fierté de voir que trois des cinq livres nominés sont édités en Belgique : La Confiture de morts chez Weyrich, Judas côté jardin et Cent jours sans Lily chez Onlit.
Article par Daniel Couvreur disponible dans Le Soir du 26 novembre 2020.
Article numérique disponible ici.
Voici un récit qui n’épargne personne (ni la narratrice ni son entourage) et qui décrit sans ambages les ravages de l’alcool. L’alcool au quotidien – pas le mondain. Celui d’une mère, d’un père, d’un beau-père et, aussi, celui d’une jeune fille. Pour raconter cette plongée dans une famille alcoolique borderline (la sienne, en fait), Pieterke Mol emprunte la forme d’un journal, écrit à la 1re personne mais aussi à la 2e, quand l’héroïne parle de sa mère. Un regard lucide, qui vibre d’un amour filial, tout en faisant état de ses limites et de l’impuissance qu’elle ressent. “Tu as besoin qu’on te câline et qu’on te berce. Tu es si fragile. Mais je ne peux pas être cette personne. Je voudrais être ta mère pour t’aimer très fort et te le dire comme je respire.” Son salut, l’autrice le trouvera lors d’un voyage en Australie (qui est presque un autre récit à lui tout seul). Dans la photographie (son travail de fin d’études porte sur son père – pour lequel un des ses profs lui avait demandé : tu l’as rencontré où ce SDF?) Et dans l’écriture qu’elle appréhende dans un style réaliste qui emporte le lecteur ou la lectrice grâce à son rythme (des phrases courtes et abruptes s’enchaînant dans une course effrénée à la (sur)vie). M.-A.G.
Article par Marie-Anne Georges disponible dans La Libre du 25 novembre 2020.
Se lancer dans l’écriture d’un récit autobiographique: un acte de foi en soi- même, celui qu’a posé Pieterke mol, jeune autrice bruxelloise, avant d’assurer la publication de son texte par financement participatif.
Titre de ce premier roman, Ça va n’aller. Un titre instable, le petit «n’» de la négation venant perturber la déclaration d’intention, ça va aller/ça n’ira pas, mais on avance de toute façon. et rien d’autre à faire dans le quotidien d’une famille d’alcooliques, père, beau-père, mère, chacun·e à son tempo, chacun·e à sa façon.
Un récit autobiographique sur l’assuétude, les pertes, qui n’amenuisent pas l’amour. au centre, celui d’une mère pour sa fille, d’une fille pour sa mère, même quand les rôles s’inversent. Alcoolisme par transmission pourrait-on dire, traversée de culpabilité, de sentiment d’insuffisance…, vivre avec ce vide intérieur à remplir d’autre chose que de bibine. Comment se construire quand les parents, la famille défaillent, vin et sang mêlés comme sur la photo de couverture illustrant la première scène du livre.
Hachée, âpre, dure, envoûtante aussi, et poétique souvent, l’écriture – question de survie, confie Pieterke mol sur son site – n’est pas que thérapeutique. L’écriture partage, touche à l’intime et reste pudique, mais ce n’est pas uniquement là que réside son intérêt: le texte possède une réelle puissance littéraire, moments en apnée, le lecteur, la lectrice happé·es dans le monde de ce « je » tiraillé, auquel l’autrice essaie de donner sens pour s’approprier ce qui a été subi, le transformer et se montrer, elle, qui s’est toujours laissé absorber par les autres. (V.L.)
Chronique par Véronique Laurent disponible dans le Axelle magazine du mois de novembre 2020.
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Un style poignant pour une lecture bouleversante. C’est avec sa plume intrusive que Pieterke Mol emmène le lecteur dans son univers. À travers la vie d’une famille touchée par l’alcoolisme, sa propre vie, elle emporte le lecteur dans un dédale d’évènements sombres, poisseux et tristement réalistes.
Dans sa recherche d’une vérité et de proximité, l’autrice offre un roman particulièrement immersif. Les émotions s’enchaînent alors que le lecteur est emporté dans l’histoire. L’utilisation déterminante de la deuxième personne du singulier nous immerge et nous noie dans un récit d’une rare mélancolie. Proche de l’autrice et de son histoire, on apprend alors à la connaître et à découvrir ses démons.
Démarrant dans la jolie ville de Bruxelles, le roman s’aventure rapidement dans la dure réalité de son personnage, devant jongler entre l’alcoolisme et le divorce de ses deux parents. Rapidement submergée, la jeune fille se retrouve alors plongée dans une vie de malheurs et de luttes.
La plume de l’autrice, sans répit, n’épargne aucuns détails et offre une description crue de cette réalité. Bouleversé et interrogé, le lecteur ne peut alors que se prêter au jeu de Pieterke Mol et continuer sa lecture, mû par l’espoir d’amélioration, de chute, de mouvement.
Sans chercher à étoffer la réalité, à l’empirer ou à la simplifier, c’est avec sa plume d’un ton descriptif et sans pitié que l’autrice trouve sa force. Le lecteur, pris dans la lutte de la jeune protagoniste pour la vie, est emporté.
« Le vent traverse sans direction et fait face à chaque angle. Je sens l’air brutal qui me claque le visage et m’emplit d’existence. Je vois la poussière rouge. Celle d’où je suis née. Celle où je mourrai. La rouille des chemins désolés. Et le ciel qui décline à mesure que nous progressons. »
Dans ce premier roman, l’autrice Pieterke Mol retrace sa propre lutte dans l’espoir que d’autres puissent s’en inspirer.
C’est donc bien la plume et cette lutte violente pour la vie qui amène le lecteur à rester accroché au livre. Les évènements importent peu, l’alcoolisme d’un père, l’abandon d’une mère, tant leurs sous-entendus sont puissants. L’autrice se contente de décrire une façon de survivre, la sienne. Les luttes intrinsèques aux personnages se dévoilent et nous révèlent la dureté d’une vie sans repos. C’est dans cette perspective que le titre Ça va n’aller nous replace, questionnant sur les possibilités de s’en sortir face à l’alcoolisme et plus globalement face aux difficultés de l’existence. Un livre à déguster et à digérer pour réaliser à quel point ses frasques nous interrogent alors sur nos propres démons.
Chronique par Lisa Rizzo disponible dans le Karoo du mois d’octobre 2020.
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L’alcoolisme est une maladie. Il faut parcourir le livre de la Belge Pieterke Mol pour comprendre ce qu’il fait aux corps des adultes et à la construction de soi des enfants. Une écrivaine est née avec ce premier roman auto-édité.
“La douleur était telle que tu n’avais pas dormi de la nuit. Je t’avais entendue vomir dans les toilettes. La souffrance possédait les murs, ils gonflaient à chaque battement qui sortait de ton ventre meurtri. Pétrifiée dans mon lit, j’attendais. J’attendais que le jour revienne. Que la lumière te soulage. Je voulais une purification. J’espérais une conscientisation. Je n’obtiendrai que le désespoir de mots brisés.”
L’écriture de Pieterke Mol est très belle et juste. Elle dit l’amour et la souffrance, le désespoir et le courage des s’inventer.
“De ta mort et de la mienne, de la goutte, des chutes et des précipices, je choisis d’être en colère et de marcher, Je choisis de vivre et de te dépasser.”
Un livre écrit pour survivre et, peut-être aussi, pour la survie de celles et ceux qui le liront.
Chronique par Charline Cauchie disponible dans le Trends-Tendances du jeudi 15 octobre 2020.
Article numérique disponible ici.
Interview menée par David Courier pour LCR, le 02 octobre 2020