
J’habite ton ventre. pendant huit mois et deux semaines. j’habite ton ventre. chaleur maison. douceur placenta. Ambiance jacuzzi et pina colada.
J’habite Bruxelles. pendant une semaine. J’habite bruxelles. le temps d’une jaunisse. La peau meurtrie. dans la ville. bruxelles ville. le centre crasse. En contre bas.
J’habite Ixelles. pendant quatre ans. j’habite Ixelles. sans le savoir, côté Louise, côté bourgeois. peu de souvenirs, une malle en bois
J’habite bockstael. pendant dix ans. j’habite bockstael. le train qui passe en bas de la rue et les enfants qui sautent par dessus bord pour jouer sur la voie. les cailloux qu’on balance, les engueulades qu’on reçoit. courses à vélos. ballons sur rétros. les premiers baisers, les amitiés, tous dans la rue, la liberté..
J’habite schaerbeek, pendant quatre ans, j’habite schaerbeek. mains au cul. seins palpés. bagarre, baston, poing levé, œil au beurre noir, ongles cassés. qu’est-ce qu’on ferait pas pour son intégrité
J’habite ixelles, encore, pendant dix ans, j’habite ixelles. trois adresses. trois vies. nouvelles ivresses. un peu de répit. J’habite Ixelles et sans le savoir, je vis mes dernières années avec toi. Contre ton ventre. Tout près de toi. La mort. Le soleil. Ma jeunesse. Mon effroi.
J’habite Schaerbeek, encore, pendant un an, j’habite Schaerbeek. Dans le fond de mon lit. Mon cœur en gueule de bois. Un deuil couleur bleu nuit. Musique triste, solitude et souffle étroit.
J’habite mon corps, depuis toujours, j’habite mon corps, mais je ne le savais pas. Frissons des premières fois. Quand je me caresse la nuque en regardant la ville depuis mon toit. Les artères comblées. Lumières des foyers. Quand j’habite mon corps et qu’il devient mon allié.
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